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ARTE – SAMEDI 17 AOÛT À 20 H 55 – DOCUMENTAIRE
C’est une idée folle, qui voit le jour au milieu du XIXe siècle. Un défi technologique qui, s’il se réalisait, devrait révolutionner les relations entre les peuples en leur permettant de communiquer instantanément, s’affranchissant de toute distance. Pour transmettre un message, il y eut les torches, les tambours, les pigeons voyageurs et, pendant très longtemps, le cheval. Puis les services postaux, le chemin de fer. Avant que l’électricité ne bouscule tout.
L’idée folle en question, remarquablement analysée dans le documentaire L’Aventure du câble transatlantique, est de relier l’Europe à l’Amérique en posant au fond de l’océan 3 200 kilomètres de câbles en cuivre entre la côte irlandaise et Terre-Neuve, au Canada. Les conversations télégraphiques d’un continent à l’autre seraient ainsi possibles. Une idée que l’on doit au jeune et riche entrepreneur américain Cyrus West Field (1819-1892).
Joliment mis en images par Ruan Magan, ce documentaire franco-irlandais se révèle passionnant. Avec un équilibre réussi entre scènes reconstituées, photographies d’époque, témoignages d’universitaires irlandais, anglais, français et américains. Des animations colorées et didactiques permettent de mieux comprendre les subtilités scientifiques développées dans cette innovation complexe. Et l’on y voit de somptueuses vues aériennes de la petite île de Valentia, sur la côte sud-ouest de l’Irlande, et de Terre-Neuve, les deux points choisis pour relier le Vieux Continent au Nouveau Monde.
Pour donner une idée de l’impact d’un tel projet sur l’humanité, il suffit de rappeler qu’aujourd’hui encore, 99 % des flux d’information dans le monde passent par les câbles sous-marins, le 1 % restant l’étant par satellite. En 2024, on estime qu’il y a 500 câbles sous-marins de haute technologie sur 1,4 million de kilomètres environ, posés au fond des océans à travers le monde. Si l’on communique aujourd’hui aussi facilement et rapidement, c’est donc grâce à cet incroyable personnage que fut Cyrus West Field et aux brillants esprits dont il s’entoura – dont le physicien britannique William Thomson (1824-1907) – pour mener à bien cette aventure hors norme.
L’expérience échoua pourtant à plusieurs reprises. De la première tentative infructueuse, le 4 août 1857, à celle, enfin probante, de juillet 1866, il aura fallu apprendre de ces échecs et perfectionner la fabrication des câbles, la façon de les transporter et la manière de les poser sans casse au fond de l’océan. Après trois tentatives avec deux bâtiments de guerre aménagés pour acheminer hommes et matériel, c’est en choisissant d’embarquer à bord d’un seul navire − le plus grand du monde à l’époque − que Field et ses équipes réussiront à câbler les 3 200 kilomètres qui séparent l’Irlande de Terre-Neuve.
L’imposant Great Eastern et ses 200 mètres de longueur, aménagé pour transporter 10 000 tonnes de câbles, se révélera parfait, avec sa stabilité, pour une opération si risquée. Un succès salué par le monde entier, président américain et reine de Grande-Bretagne et d’Irlande en tête. Et par une presse enthousiaste qui estimera que ces milliers de kilomètres de câbles sous-marins « ont annihilé le temps et l’espace ». Dans les années suivantes et jusqu’en 1900, d’autres pays déploieront des câbles sous les mers. Jusqu’à ce que la planète soit interconnectée.
L’Aventure du câble transatlantique. Une révolution du XIXe siècle, documentaire de Ruan Magan (Irl.-Fr., 2022, 90 min). Disponible à la demande sur Arte.tv jusqu’au 29 janvier 2025.
Alain Constant
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